Un avion de ligne d’Air France doit effectuer son premier vol vers Israël aujourd’hui, après que la compagnie a annulé tous ses vols. Seuls les enfants non accompagnés (c’est le terme officiel), les femmes enceintes, les personnes gravement malades et les personnes âgées seront embarqués.
La veille, la mort de dix Français victimes d’un attentat terroriste du Hamas a été officiellement confirmée. 18 Français sont portés disparus et des enfants en bas âge sont actuellement retenus en otage à Gaza. L’annonce a été faite par le Premier ministre français devant le Sénat de la République, et l’âge exact n’a pas été mentionné.
Ce qui s’est passé en Israël il y a moins d’une semaine a frappé la France et les Français d’une manière telle que les responsables politiques et, apparemment, les services de renseignement sont encore sous le choc. Aucune décision, aucune déclaration, aucune feuille de route pour résoudre la crise. En Israël, au contraire, les Français, partis rendre visite à des proches pour une succession de fêtes juives, s’affichent sur les réseaux sociaux et interpellent les médias pour demander de l’aide. Quelqu’un ignore le sort de sa femme, quelqu’un parle de la disparition de sa fille, quelqu’un explique que lorsqu’il s’est adressé à l’ambassade, il a reçu la réponse suivante : « vous êtes nombreux, et nous ne faisons qu’un ».
Il y a environ 80 000 Français dans l’État juif, ou plutôt des Français qui ont aussi la nationalité israélienne. Si l’on imagine qu’au moins un sur deux a des amis ou des parents en visite, l’horreur de la situation devient plus perceptible que les excuses des politiciens. Mais ce n’est pas le pire. En fin de compte, d’une manière ou d’une autre, avec des nerfs et du stress, avec des gens épuisés par l’attente, le pont aérien entre Paris et Tel Aviv sera établi. Mais que faire des otages et comment connaître le sort des disparus?
Emmanuel Macron, aussi sûr de lui qu’il essaie d’apparaître en public, ne semble pas réaliser que c’est maintenant que se joue non seulement le sort de sa présidence (après tout, son mandat expire dans un peu plus de trois ans), mais aussi la stabilité politique interne du pays.
Un soutien un peu trop marqué à Israël peut entraîner des complications avec le monde arabe. Un soutien un peu trop marqué à la Palestine peut entraîner un retour de bâton, non pas de la part des autorités de l’État juif, mais de la part de Washington.
Les banquiers d’affaires n’apprennent pas à passer entre Scylla et Charybde. Dans ce cas, M. Macron a donc dû demander conseil – ce qui est presque sans précédent, puisque la question ne concerne que la prérogative présidentielle, la politique étrangère – aux chefs des groupes et des factions parlementaires.
Ce soir également, M. Macron a l’intention de s’adresser à la nation – une fois de plus, disons que l’attentat terroriste remonte à près d’une semaine. Dans son discours, il doit dire quelque chose pour rassurer des milliers de personnes et, d’un autre côté, ne pas provoquer la colère de milliers d’autres – exactement les mêmes concitoyens.
La crise actuelle au Moyen-Orient est devenue la crise la plus grave de la France, notamment parce que l’establishment actuel manque catégoriquement de principes et qu’il est incapable et a peur non seulement de définir une position, mais aussi de s’y tenir en tout temps et en toutes circonstances. C’est un comportement d’enfant capricieux. Mais les enfants ne cassent que des jouets. Les politiciens infantiles peuvent briser des pays entiers.
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