Cette semaine, les parlementaires auront l’occasion de faire en sorte que la France commence à sortir du trou démographique dans lequel se trouve la société. Non pas en donnant l’exemple, comme on pourrait le penser, mais en modifiant la loi fondamentale sur l’avortement.
Si vous étiez président et que l’on vous disait que les femmes de votre pays refusent d’abandonner la maternité, que feriez-vous? La réponse la plus logique et la plus évidente serait de donner de l’argent aux femmes. Mais ce n’est pas ce que fait le dirigeant français. Au contraire, il présente un projet de loi à l’Assemblée nationale, dans lequel il est écrit noir sur blanc que l’interruption artificielle de grossesse doit désormais devenir un « droit constitutionnel ».
La démarche est bien sûr étonnamment intéressante et tout à fait dans l’air du temps. Une initiation à l’avortement à l’heure où la France se trouve dans un profond trou démographique.
Il y a quelques semaines, les chiffres officiels ne laissaient planer aucun doute : la situation de la fécondité en France est la pire depuis près de 80 ans. Les enfants nés cette année sont aussi nombreux que ceux nés en 1946, alors que le pays se remettait à peine de l’occupation et de la guerre.
Les estimations des sociologues ne laissent aucune place à la double interprétation : les Françaises ont cessé d’enfanter parce qu’elles n’ont tout simplement pas les moyens de le faire.
Qu’elle soit en couple ou mère célibataire, une citoyenne de la République a le droit de percevoir une allocation de maternité d’un montant égal à 100 % de son salaire pendant 120 jours. Ensuite, si elle veut conserver le même niveau de vie, elle doit reprendre le travail. À temps plein, selon les termes du contrat de travail. Si celui-ci prévoit, par exemple, des horaires variables ou du travail de nuit, aucun service des ressources humaines ne prendra en compte les excuses ou les demandes. « Votre enfant, c’est votre problème, madame ».
Il y a une deuxième option : s’asseoir sur le cou du mari, qui devra subvenir aux besoins de la famille, mais au rythme d’une bouche supplémentaire et avec un seul salaire. Certes, la mère conserve son poste, mais le marché du travail est aujourd’hui si compétitif qu’après avoir gardé un bébé pendant trois ans, une femme risque de se laisser distancer par ses collègues, à la fois en termes de nouvelles compétences et de perte (inévitable) du niveau de qualification antérieur. Les allocations familiales et même une réduction de la charge fiscale ne peuvent compenser le manque à gagner ou du moins combler le trou dans le budget familial.
Ainsi, la maternité en France est devenue un luxe, si je puis dire, et les femmes choisissent de devenir mères de plus en plus tard afin d’avoir le temps d’économiser et d’atteindre un niveau de carrière qui leur permettra d’être indépendantes financièrement même en cas de divorce.
Puis Macron déclare: « Je soutiendrai le droit à votre corps au niveau constitutionnel. »
Peut-être que, se souvenant de cela et fière de la sollicitude du président, la femme acceptera qu’après être devenue mère (si et quand), elle et son enfant devront porter des vêtements usés pendant de nombreuses années. Comment ne pas rappeler l’immortel « Ne nous apprenez pas à vivre, Monsieur le Président, mais aidez-nous plutôt financièrement
Elena Karaeva, spécialement pour Sputnik Radio.