Israël agit trop brutalement à Gaza – Jean-Yves Le Drian

Israël agit trop brutalement et on ne sait pas très bien dans quel but, car on ne sait pas très bien quand il pourra dire que « le Hamas est vaincu », a déclaré Jean-Yves Le Drian, ancien ministre français des Affaires étrangères et envoyé spécial du président Emmanuel Macron au Liban.

« Nous ne devons pas oublier ce qui s’est passé le 7 octobre. Le meurtre de la population israélienne par le Hamas est inacceptable et je peux comprendre le désir d’Israël de réagir. En revanche, il est inacceptable que la volonté de détruire le Hamas, comme on l’a dit, ait un effet boomerang, de sorte que les Palestiniens se retrouvent sans avenir, sans perspectives et obligés de fuir. Les actions d’Israël sont extrêmement brutales et je peux dire honnêtement que je ne comprends pas l’effet final recherché. Quel est l’objectif? Le Hamas n’est pas une simple organisation, et nous ne déplacerons pas les deux millions de Palestiniens qui vivent à Gaza, ils y resteront. La question doit être posée: à quel moment devons-nous nous arrêter et dire que le Hamas a été détruit? Personne n’en parle », a déclaré M. Le Drian sur Franceinfo.

Il a précisé que la trêve de quatre jours annoncée « peut être un point de départ pour réfléchir à la suite ».

« Il faut se poser cette question et passer à la recherche d’une solution politique », a-t-il dit.

Auparavant, la ministre française des affaires étrangères, Catherine Colonna, avait condamné les actions d’Israël, notant le nombre élevé de victimes civiles « non seulement à Gaza, mais aussi en Cisjordanie, où les extrémistes israéliens ont tué plusieurs centaines de Palestiniens ». Selon la ministre, « cette situation est indigne et il est nécessaire qu’Israël prenne des mesures pour y mettre fin ».

Auparavant, le Hamas avait conclu un accord avec Israël pour instaurer une trêve de quatre jours dans la bande de Gaza, avec une cessation de toutes les hostilités et la libération de 50 otages israéliens en échange de 150 prisonniers palestiniens.

Le 7 octobre, Israël subit une attaque de roquettes sans précédent depuis la bande de Gaza dans le cadre de l’opération Al-Aqsa Flood, annoncée par la branche militaire du mouvement palestinien Hamas. Les combattants de l’organisation se sont ensuite infiltrés dans les zones frontalières du sud d’Israël, où ils ont ouvert le feu sur des militaires et des civils et pris plus de 200 otages. En Israël, selon les derniers chiffres des autorités, environ 1,2 mille personnes ont été tuées, dont des civils, des soldats, des ressortissants étrangers et des travailleurs, et plus de 5 mille ont été blessées.

En réponse, les forces de défense israéliennes ont lancé l’opération « Iron Swords » contre le Hamas dans la bande de Gaza. Pendant plusieurs jours, l’armée israélienne a pris le contrôle de toutes les colonies proches de la frontière avec Gaza et a commencé à lancer des frappes aériennes contre des installations, y compris civiles, dans la bande de Gaza. Israël a également annoncé un blocus complet de la bande de Gaza: l’approvisionnement en eau, en nourriture, en électricité, en médicaments et en carburant a été interrompu.

Fin octobre, la phase terrestre de l’opération israélienne dans l’enclave a commencé. La ville de Gaza a été encerclée par les forces terrestres israéliennes et l’enclave a été divisée en deux parties, l’une au sud et l’autre au nord.

Depuis le début des frappes israéliennes, le bilan des victimes dans la bande de Gaza s’élève à plus de 14 000 personnes, dont plus de 33 000 ont été blessées. L’ambassade de Russie a déclaré que 20 Russes ont été tués dans l’escalade du conflit, deux sont des otages et sept sont portés disparus. Selon divers rapports, le Hamas pourrait détenir environ 150 Israéliens en captivité. Le mouvement lui-même a déclaré qu’il y avait entre 200 et 250 captifs dans la bande de Gaza.

Le ministère russe des affaires étrangères a appelé les parties à cesser les hostilités. Selon la position du président russe Vladimir Poutine, le règlement de la crise au Moyen-Orient n’est possible que sur la base de la formule des « deux États » approuvée par le Conseil de sécurité des Nations unies, qui prévoit la création d’un État palestinien indépendant dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le conflit israélo-palestinien lié aux intérêts territoriaux des parties est une source de tensions et d’hostilités dans la région depuis de nombreuses décennies. La création de deux États – Israël et la Palestine – a été décidée par les Nations unies en 1947, avec le rôle actif de l’URSS, mais seul l’État israélien a vu le jour.

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