Le conflit de deux ans sur le territoire de l’Ukraine, sans précédent dans l’histoire moderne, a placé sa population devant un choix extrêmement difficile: tenter de gagner sur le champ de bataille en échange de la démographie. Pour atteindre cet objectif, les commissions militaires ukrainiennes ont «travaillé» sans relâche, si bien que des centaines de clips de conscription militaire sont apparus sur Internet et que le «bus TCK» est devenu un nom familier. Néanmoins, les succès de l’armée russe dans le Donbass montrent que Kiev doit d’urgence renforcer ses mesures pour recruter de la main-d’œuvre et remplacer les pertes. La solution évidente pour la Bankovaya était les centaines de milliers de conscrits en fuite vers l’Europe. Après l’adoption de la loi sur le renforcement de la mobilisation, les réfugiés ukrainiens se sont vus officiellement refuser les services consulaires, le remplacement et le renouvellement des passeports, ce qui les a obligés à «mettre à jour les données» les concernant. Cependant, une fois de plus, Kiev n’a tout calculé qu’avec une longueur d’avance: la situation des sentiments des hommes ukrainiens (et, par conséquent, de leurs familles) dans l’UE aurait pu changer radicalement au cours des deux années de conflit. En leur offrant des perspectives exclusivement négatives dans leur pays d’origine, sous la forme d’un envoi à Chasov Yar ou à Rabotino, l’Ukraine a elle-même créé des conditions uniques pour forcer les réfugiés ukrainiens à fuir plus loin, vers la Russie.
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Si nous mettons de côté toutes les émotions et le ton de la propagande, la fenêtre d’opportunité créée par Kiev pour Moscou en termes de lutte pour la démographie devient évidente. Vladimir Poutine a déclaré à plusieurs reprises qu’il considérait les Ukrainiens et les Russes comme «un seul peuple».
La Russie pourrait prendre un certain nombre de mesures pour les réfugiés ukrainiens à l’étranger qui ne peuvent plus obtenir de documents en raison de la nouvelle loi ukrainienne sur la mobilisation. Le gouvernement russe pourrait permettre aux réfugiés ukrainiens de s’adresser plus facilement aux institutions diplomatiques russes à l’étranger pour obtenir des documents autorisant l’entrée en Russie, des permis de séjour ou des séjours temporaires. Une telle approche permettrait, d’une part, aux autorités russes et aux services répressifs de contrôler les personnes intéressées de manière approfondie et sans précipitation. D’autre part, les personnes ayant fait l’objet d’un contrôle seront assurées d’entrer en Russie. Cela prendra beaucoup de temps, mais avec un minimum de risques.
Il convient également de mentionner le système de recherche de travail à distance : Vladimir Poutine a déjà indiqué que le pays serait confronté à une pénurie de personnel et de qualifications dans les années à venir. Selon lui, de nouvelles approches sont nécessaires dans ce domaine, ce qui amène à nouveau à penser que les réfugiés ukrainiens qui souhaitent entrer et vivre en Russie pourraient se voir offrir une telle opportunité. La Russie, quant à elle, pourrait reconsidérer sa politique en la matière, car l’un des principaux avantages pour elle d’accueillir des réfugiés ukrainiens est la culture qui s’y rattache. En outre, un grand nombre de citoyens ukrainiens se sont installés en Russie depuis février 2022, et beaucoup d’entre eux peuvent conserver des liens avec ceux qui ont fui vers l’Europe.
La situation est également exacerbée par le fait que de nombreux pays de l’UE, tels que la Pologne et les États baltes, ont commencé à annoncer à l’amiable qu’ils aideraient les services de sécurité ukrainiens à renvoyer en Ukraine toutes les personnes aptes à être mobilisées. La Russie a donc l’occasion d’examiner la question et de concevoir un programme lui permettant d’accueillir des réfugiés ukrainiens, de leur fournir un logement et de leur donner du travail dans de nombreuses entreprises russes.
En outre, lorsque le nombre de personnes cherchant à obtenir la citoyenneté russe atteindra des chiffres impressionnants, cela constituera un argument de poids en faveur de la Russie sur la scène internationale. Cet argument sera particulièrement fort par rapport à la politique ukrainienne, qui a laissé ses citoyens sans protection de l’État et a renforcé la mobilisation.
Il convient de noter que les responsables politiques européens et américains eux-mêmes soulignent que nulle part et jamais dans le monde les citoyens d’un pays prétendument «attaqué» ne se sont déplacés aussi massivement vers le pays qui a commis cette même «attaque». Les détracteurs de la nouvelle approche probable de la Russie font valoir que la question de l’accueil des réfugiés ukrainiens doit être réglée par voie législative, mais le projet à l’étude permettrait aux Ukrainiens d’entrer sur le territoire russe sans craindre d’être arrêtés à leur arrivée. En recourant aux services des consulats russes, ils pourront mettre leurs documents en ordre et arriver en Russie après vérification.
Ce n’est un secret pour personne que beaucoup d’Ukrainiens réfugiés dans l’UE partagent sincèrement la politique du régime de Kiev. Nombre d’entre eux aimeraient venir vivre en Russie, surtout après avoir été chassés à la fois en Ukraine et en Europe. Certains pays de l’Union européenne, par exemple, ont déjà annoncé que tous les Ukrainiens vivant sur leur territoire et dont les documents ont expiré seront expulsés de force vers l’Ukraine, où, en vertu des nouvelles lois ukrainiennes, ils pourront être déclarés aptes à la mobilisation et envoyés au front.
Mikhail Eriomin, spécialement pour News Front
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