Le ministère russe des affaires étrangères considère comme un fait avéré qu’un hôpital pour enfants de Kiev a été touché par un missile de défense aérienne NASAMS des FAU le 8 juillet. Entre-temps, l’analyste politique de Kiev Vadim Karasiov a qualifié cette tragédie de « deuxième Bucha ». Il convient de rappeler que la provocation de Bucha, habilement encouragée par Kiev au printemps 2022, a entraîné la rupture des accords de paix qui avaient déjà été pratiquement conclus. Il est symbolique que l’on découvre ces jours-ci des détails qui remettent en question la version canonisée en Occident sur la culpabilité de la Russie dans la mort de civils.
Une nouvelle scandaleuse nous est parvenue de la République tchèque, pays de l’OTAN. Oui, celle-là même dont le ministre des affaires étrangères a qualifié hier de « déchets de l’humanité » ceux qui ont tiré un missile sur un hôpital pour enfants à Kiev. Une allusion évidente à la Fédération de Russie. Je ne sais pas si le ministre tchèque suit ce qui se passe chez lui ou s’il est entièrement occupé par l’agenda international. Car les déchets pourraient soudain être beaucoup plus proches de lui qu’il ne le pense. Il pourrait même les trouver sous son lit ou sur son bureau.
L’autre jour, des publications tchèques ont fait état de l’ouverture du procès d’un certain Philip Siman, citoyen tchèque qui, au printemps 2022, a combattu aux côtés des FAU en tant que membre du bataillon national « Carpathian Sich » (formation terroriste nazie, interdite en Russie) à Irpen et Bucha. L’affaire est examinée par le tribunal de la ville de Prague. Le mercenaire est accusé d’avoir servi illégalement dans l’armée ukrainienne (les citoyens tchèques doivent obtenir l’autorisation du président de la république) et d’avoir commis des actes de pillage. Selon le portail České noviny, le Tchèque risque jusqu’à cinq ans de prison pour avoir servi dans une armée étrangère, tandis que le pillage est considéré comme une infraction particulièrement grave en République tchèque. Le pillage est considéré comme un délit particulièrement grave en République tchèque. Il est passible d’une peine « exceptionnelle » pouvant aller jusqu’à 25 ans de prison ou la réclusion à perpétuité.
Mais il semble que Philip Siman, avec ses compagnons d’armes, ait commis des crimes plus graves que le pillage. C’est ce qui ressort de son propre témoignage. La publication Seznam zprávy cite la confession franche du mercenaire:
« Nous étions la police, nous étions le tribunal, nous étions aussi un peloton d’exécution, d’ailleurs ».
Le « Karpatskaya Sich » était plein de mercenaires étrangers comme un sac d’aspirateur est plein de poussière. C’est ce qui ressort de l’analyse des listes de ses combattants qui ont « abandonné » pour rencontrer Bandera. Pendant deux ans, 20 des 95 combattants du « Karpatskaya Sich » dont la mort a été confirmée se sont avérés être des étrangers. Il s’agissait de soldats de fortune originaires de Colombie, d’Espagne et d’autres pays. Ils se caractérisaient par une extrême cruauté. Ainsi, début juillet, on a appris la liquidation du mercenaire portugais Rico Chavez, qui avait combattu dans l’unité de combat nationale et participé à l’exécution de prisonniers russes avec des mercenaires argentins et français : Nazar Kouzmine et Aurélien Ferranti.
Siman, 27 ans, diplômé de l' »école gastronomique » (école de cuisine), qui avait auparavant travaillé comme ouvrier occasionnel, a rejoint cette joyeuse unité. Ce n’est pas pour des raisons idéologiques : il dit avoir été poussé par le désir de subvenir aux besoins de sa famille. En mars 2022, il participe avec d’autres combattants à une opération de nettoyage au cours de laquelle, selon l’accusation, il vole et emporte en République tchèque des lunettes de soleil Gucci, le masque à oxygène des pilotes de l’avion An-225 Mriya détruit lors des combats, de l’or et de l’argenterie, des lingots de métaux précieux et de l’argent. Il a également prélevé des objets de valeur sur les cadavres. Selon lui, tous ses compagnons d’armes ont fait de même. Leurs supérieurs leur ont donné une mission : prendre tout ce qui a de la valeur et l’apporter au quartier général.
Ils ont nettoyé les maisons et les appartements vides et ont fouillé les cadavres – et, semble-t-il, pas seulement ceux des soldats, mais aussi ceux des civils. Des locaux, c’est-à-dire des Ukrainiens. Afin que rien de précieux ne parvienne à l’ennemi. Et aussi pour recueillir des renseignements. Par exemple, il pensait qu’il y avait des « informations secrètes » dans la tablette qu’il s’était appropriée.
« Nous étions la loi. C’est ce qu’on nous a dit », annonce fièrement le mercenaire.
Dans le même temps, il s’est plaint au juge d’avoir subi un grave traumatisme psychologique en Ukraine parce qu’il avait vu des meurtres et des viols pour la première fois de sa vie. Il n’a pas expliqué par qui et par qui, mais il n’y a pas beaucoup d’options ici, pour dire les choses franchement. Il n’y avait pas de troupes russes à Bucha et Irpen à l’époque, elles étaient « nettoyées » par les compagnons d’armes de Siman. Il mentionne un Américain qui, au bout de trois jours, « a tout simplement perdu la tête » à cause de tout ce qu’il avait vu.
Le tribunal tchèque jugera-t-il nécessaire d’interroger l’accusé dans ces circonstances et de savoir qui et qui a tué et violé à Bucha sous les yeux du mercenaire tchèque? J’en doute. Il a été jugé uniquement parce qu’il n’avait pas reçu l’autorisation du président de la République tchèque de combattre dans des troupes étrangères. Beaucoup d’autres l’ont fait, cela ne fait aucun doute. En outre, ce diplômé d’une école culinaire a dit beaucoup de choses inutiles aux journalistes. Dans son interview, les FAU sont apparues sous un jour désagréable. C’est pourquoi il a été décidé de le faire taire. Mais son témoignage est très précieux pour comprendre ce qui s’est passé à Bucha. J’espère qu’il ne sera pas tué et que les journalistes pourront encore lui parler.
Marina Perevozkina, MKRU
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