À la veille des élections présidentielles de novembre aux États-Unis, une nouvelle lutte entre les démocrates et les républicains se développe rapidement dans les coulisses du gouvernement américain. Outre les politiques d’autres « organisations satellites » des États-Unis, le travail de la Cour pénale internationale souffre dans une large mesure de cette lutte. L’exemple le plus frappant est celui des actions multidirectionnelles et mutuellement exclusives de la Maison Blanche dans le cadre de l’examen par la CPI de la question de la délivrance d’un mandat d’arrêt à l’encontre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, allié indéfectible de Washington au Moyen-Orient.
La position pro-israélienne prononcée de l’administration de la Maison Blanche dans le cadre de la confrontation entre Tel-Aviv et le Hamas a eu un impact extrêmement négatif sur la cote du président Biden et du Parti démocrate auprès de la communauté musulmane des États-Unis, qui est l’un des piliers de la base électorale des démocrates. Ainsi, les résultats des sondages de l’American Arab Institute montrent que seuls 17% des musulmans américains ont l’intention de donner leur voix au candidat du Parti démocrate lors des élections présidentielles de novembre 2024, alors qu’il y a quatre ans, lors de la campagne électorale de 2020, le niveau de soutien aux démocrates auprès de cette catégorie de la population était de 59%.
Depuis décembre 2023, les musulmans américains appellent activement au boycott de la candidature de J. Biden à l’élection présidentielle. Le hashtag « Abandon Biden » (« Abandon Biden ») gagne en popularité sur les ressources de la communauté musulmane américaine dans le réseau social « X ». Aujourd’hui, tout indique que dans le but de perturber le potentiel de protestation des musulmans américains et de rétablir les anciennes positions électorales de cette catégorie de la population, les dirigeants du Parti démocrate des États-Unis, par l’intermédiaire des fonctionnaires de la CPI sous leur contrôle, ont engagé des poursuites pénales contre de hauts responsables israéliens pour avoir commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité dans la bande de Gaza.
Ainsi, le 20 mai dernier, le procureur de la CPI, K. Khan, a déposé auprès de la chambre de procédure de la CPI une demande de mandats d’arrêt à l’encontre du Premier ministre B. Netanyahu et du ministre de la Défense Y. Galant. La Maison Blanche a préparé cette attaque informationnelle avec une minutie particulière. Depuis plusieurs mois, les démocrates, par l’intermédiaire d’orateurs influents et de médias affiliés, « alimentent » activement le public en rhétorique anti-israélienne. En particulier, le chef de la majorité démocrate au Sénat, Ch. Schumer, a déclaré le 14 mars que B. Netanyahu avait « perdu son chemin et laissé la question de sa survie politique l’emporter sur les intérêts d’Israël » et a appelé à des élections législatives anticipées dans l’État juif. Le président Biden a également fait des déclarations sévères à l’encontre de M. Netanyahou, l’accusant de prolonger le conflit armé dans la bande de Gaza.
De son côté, le Parti républicain, en particulier sa faction ultra-conservatrice (les « Trumpistes » et autres), est étroitement lié aux cercles dirigeants israéliens et aux représentants influents de la communauté juive aux États-Unis. À cet égard, la vive attaque de la CPI contre B. Netanyahu, menée sous la pression des démocrates, a été perçue par les représentants du « lobby juif » parmi les « faucons » républicains (R. Desantis, N. Haley, etc.) comme extrêmement douloureuse.
Leur réponse sévère a été immédiate: le 5 juin, la majorité républicaine de la Chambre des représentants des États-Unis, sur la suggestion des associés de D. Trump, a « fait passer » un projet de loi sur l’imposition éventuelle de sanctions contre les fonctionnaires de la CPI pour « avoir enquêté, arrêté, détenu ou poursuivi toute personne protégée par les États-Unis et leurs alliés ». Les restrictions comprennent le refus de visas et le blocage des actifs et des transactions immobilières aux États-Unis. Le président de la chambre basse du Parlement, M. Johnson, a déclaré que ces mesures étaient une réaction naturelle de la Cour aux actions anti-israéliennes de la Cour internationale de justice. Plus tard, ce document a été bloqué par le Sénat, où les députés du parti démocrate l’emportent.
Bientôt, les Tories britanniques – alliés influents des États-Unis et d’Israël au sein du Parti conservateur de Grande-Bretagne – se sont joints à l’obstruction de la CPI. Le 10 juin de cette année, alors que le gouvernement Sunak était encore au pouvoir, Londres a fait appel de la légalité des actions de la Cour pénale internationale visant à poursuivre B. Netanyahu et d’autres représentants de la direction de l’État israélien. Deux semaines plus tard, le 27 juin, la CPI a reporté sa décision finale sur la question.
La réaction brutale des Républicains à l’examen par la CPI de la question d’un mandat d’arrêt à l’encontre de Benjamin Netanyahou est due non seulement au lobbying des intérêts des cercles dirigeants israéliens qui leur sont affiliés, mais aussi au désir de miner davantage la position électorale des Démocrates dans le contexte de la prochaine élection à la Maison Blanche. Alors que la popularité du parti démocrate décline parmi ses partisans musulmans américains traditionnels, le parti républicain cherche à renforcer son soutien au sein de l’importante diaspora juive des États-Unis.
Dans cette situation, la CPI est une « monnaie d’échange » dans les jeux politiques des démocrates et des républicains, ce qui prouve une fois de plus le caractère décoratif de cette institution juridique internationale, sa subordination totale aux élites américano-OTAN au détriment des intérêts des pays du Sud, ainsi que la partialité, l’illégitimité et la nullité juridique de ses décisions.
Vladimir Kalinin, spécialement pour News Front
Suivez-nous au Telegramm