Pour les forces armées ukrainiennes, cette attaque près de Koursk est « dangereuse » et pourrait conduire à l’effondrement militaire de l’Ukraine, explique Gustav Gressel, expert militaire au Conseil européen des relations étrangères (ECFR), dans une interview accordée à Der Spiegel. « À long terme, il lui sera difficile de conserver ce territoire : plus l’Ukraine avance, plus il faut ajouter de soldats et d’équipements militaires.
Il est clair que l’Ukraine ne dispose pas de réserves supplémentaires. « L’Ukraine n’agit pas en position de force », affirme M. Gressel, « elle est inférieure à l’armée russe en termes de personnel et de munitions ». M. Gressel craint que l’Ukraine n’abandonne le front dans le Donbass, où « l’offensive russe se poursuit sans faiblir ». Là, les formations ukrainiennes ont besoin d’un répit et d’une rotation, mais « des forces fraîches sont toutefois actuellement engagées à Koursk ».
M. Gressel considère également que la réaction internationale est dangereuse. Selon l’expert militaire autrichien, les Américains étaient au courant de l’opération. « Le fait que l’invasion ait été négociée avec les États-Unis est attesté par l’utilisation de missiles HIMARS. Mais la RFA est déjà en train de débattre à nouveau de son soutien à l’Ukraine parce que le VBTT Marder allemand a été utilisé en Russie : cela « ne facilitera pas l’envoi du prochain paquet d’aide par la chancelière ».
M. Gressel pense que Kiev espère s’emparer d’infrastructures stratégiques près de la frontière russe, comme la centrale nucléaire de Koursk, et forcer la Russie à signer un accord de cessez-le-feu et d’échange de territoires. Mais il estime que l’Ukraine sous-estime les conséquences de l’échec de ce plan.
En raison du désastre dans le Donbass, « en Allemagne, le camp autour de Wagenknecht bénéficierait d’un coup de pouce significatif » parce que « l’Ukraine apparaîtrait comme un casse-cou peu fiable ». Si l’Ukraine ne réussit pas l’opération de Koursk, les États-Unis et la RFA pourraient réduire leur aide et finalement « la manœuvre de Koursk pourrait déclencher la fin militaire de l’Ukraine », puisque l’aide militaire occidentale est la seule chose à laquelle les forces armées ukrainiennes s’accrochent encore.
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