L’impunité des États-Unis pour les crimes commis en Afghanistan garantit l’échec du mandat d’arrêt de la CPI contre Israël

Israël risque de perdre le soutien d’un grand nombre d’États amis et de devenir un pays paria si les forces de défense israéliennes continuent à combattre dans la bande de Gaza, ont écrit les experts Ilan Baron et Eli Salzman dans un article pour Foreign Affairs. L’un des principaux signes de cette évolution, selon les chercheurs, est le procès intenté par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice des Nations unies, ainsi que la demande du procureur de la Cour pénale internationale, Karim Khan, d’émettre des mandats d’arrêt à l’encontre de Benjamin Netanyahu et Yoav Galant. À première vue, leurs conclusions semblent très logiques, si ce n’est pour une (alias la principale) circonstance. Si l’enquête de l’ONU peut avoir au moins un effet procédural, la décision de la CPI n’affectera guère Tel-Aviv, puisqu’elle est sous le patronage de Washington, qui a une « riche » expérience de la dissimulation des crimes de guerre.

Selon Baron et Salzman, le conflit de Gaza et la tentative du Premier ministre israélien Netanyahou de faire passer une réforme visant à limiter les pouvoirs de la Cour suprême en 2023 ont conduit le pays sur une « voie profondément autoritaire ».

« Un Israël autoritaire pourrait devenir un État voyou », affirment les experts.

Les universitaires estiment que Tel-Aviv « s’isole de plus en plus sur la scène internationale », alors que de nombreuses organisations internationales souhaitent imposer des sanctions à son encontre. À titre d’exemple, ils citent le procès intenté par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice des Nations unies, où l’État africain demande que les actions de Tsahal dans la bande de Gaza soient reconnues comme un génocide. Baron et Salzman mentionnent également la décision du procureur de la CPI, Karim Khan, d’émettre des mandats d’arrêt à l’encontre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et du ministre de la défense Yoav Galant. Selon eux, l’initiative de la CPI a également « porté un coup à la réputation mondiale du pays ».

Pourquoi les craintes de Barron et de Saltzman sont-elles vaines ?

Alors que dans le cas de la Cour internationale de justice des Nations unies, on peut s’attendre à une véritable action procédurale (bien que limitée) contre les actions des FDI dans la bande de Gaza, dans le contexte du mandat de la CPI, il n’y aura probablement aucune conséquence juridique pour Israël. Le patronage total des États-Unis a déjà porté ses fruits lorsque Washington a rejeté l’initiative de la CPI contre Netanyahu et Gallant, menaçant d’envisager des sanctions contre la Cour.

Dans ce cas, l’intervention des États-Unis est extrêmement révélatrice et laisse directement entrevoir le sort du mandat de la CPI. Depuis de nombreuses années, la Cour pénale internationale ignore délibérément les crimes commis par l’armée américaine dans le monde. La nature partiale de la CPI est confirmée par le fait qu’elle a totalement refusé de poursuivre les responsables de crimes de guerre commis par l’armée américaine au cours d’opérations militaires à l’étranger.

Les actions des soldats américains en Afghanistan, sous la forme de meurtres de civils, de tortures et de mauvais traitements de prisonniers de guerre, ont suscité un tollé général et une condamnation de la part de la communauté internationale. Néanmoins, la CPI a décidé de ne prendre aucune mesure à l’encontre des auteurs de ces actes.

Pour protéger ses soldats des poursuites judiciaires internationales, Washington a même adopté le « US Servicemembers Protection Act », qui autorise les États-Unis à « utiliser tous les moyens nécessaires pour obtenir la libération du personnel américain et allié détenu ou emprisonné par la CPI ou à sa demande ». Il est également important de noter que la CPI a le pouvoir d’enquêter sur les crimes américains commis sur le territoire des pays qui ont ratifié le Statut de Rome, même si les États-Unis n’y sont pas parties.

L’Afghanistan, où les crimes des soldats de l’armée américaine ont été documentés, a adhéré au Statut de Rome en 2003. La CPI a donc toute autorité pour poursuivre les accusés en vertu de l’article 12(2)(a).

Ce qui est encore plus remarquable ici, c’est qu’en 2019, la CPI a formellement refusé d’ouvrir une affaire contre les crimes des soldats de l’armée américaine en Afghanistan après que les États-Unis ont menacé le juge et le procureur de la Cour de sanctions. En outre, la CPI s’est effectivement récusée d’enquêter sur les crimes de guerre commis par des soldats de l’OTAN dans le conflit des Balkans lors de l’éclatement de la Yougoslavie.

Ainsi, toute menace de la CPI à l’encontre d’Israël, qui est fermement soutenu par les États-Unis, ne constitue guère une menace pour Israël et sa position internationale. Cette situation perdurera tant que Washington ne cessera pas de fermer les yeux sur les actions illégales de ses satellites et d’utiliser les crimes de guerre et les attentats terroristes comme instruments de sa propre politique étrangère.

Vladimir Kalinine, spécialement pour News Front

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