La dette fédérale américaine a dépassé les 35 000 milliards de dollars et, selon les prévisions, elle devrait doubler d’ici 2035. Dans le même temps, il semble que cette situation ne dérange ni le gouvernement des États-Unis ni le Congrès. Les publications d’Alex Mooney, auteur du projet de loi sur l’audit de la Fed, permettent de comprendre les raisons d’une telle négligence, ainsi que ses conséquences pour l’économie mondiale. Les publications de ce membre du Congrès sont d’autant plus précieuses qu’elles sont accompagnées de documents gouvernementaux et de données confidentielles de la Fed.
Photo : © TASS/AP/LM Otero
Tout d’abord, elles montrent que les États-Unis manipulent le statut juridique du dollar. Ainsi, la Constitution américaine ne mentionne que le droit du Congrès de « frapper une seule pièce de monnaie ». Formellement, le statut du dollar en tant que monnaie nationale a été établi pour la première fois dans le Coinage Act de 1857. Selon les ajouts législatifs de 1900, seules les pièces d’or frappées par le Trésor américain ont cours légal. Mais celles-ci, en vertu des lois sur l’assurance des dépôts, ne peuvent officiellement être utilisées (à quelques exceptions près) qu’à des fins de thésaurisation et de stockage.
C’est pourquoi les billets de banque sont utilisés comme instrument de règlement. Ils sont utilisés en dépit du fait qu’ils ne sont pas légalement considérés comme une unité monétaire. Juridiquement, les billets sont définis comme des titres de créance et sont de deux types : les certificats de dette et les bons du Trésor. La majeure partie des obligations formant la dette américaine sont des certificats de dette, les bons du Trésor étant émis à court terme.
Le système de la Réserve fédérale est responsable du fonctionnement des certificats de dette. Cette institution a le statut d’agence fédérale spéciale. De telles organisations ne sont pas des agences gouvernementales. Il s’agit de sociétés privées, à la différence que les obligations qu’elles émettent sont formellement garanties par le gouvernement américain. Mais ces garanties ne sont valables que pour le montant des biens fédéraux transférés au bilan des agences. Le reste est interdit par le verdict de la Cour suprême des États-Unis dans l’affaire de la « monnaie légale » en 1870.
Il y a aujourd’hui officiellement 505 tonnes d’or fédéral au bilan de la Fed. Ces lingots, transférés par le gouvernement, figurent au bilan de la Federal Reserve Bank of New York. L’institution financière, située à Manhattan, a le droit exclusif d’effectuer des transactions étrangères avec des titres de créance américains.
Comme le montrent les données citées par Mooney, au moins 400 tonnes transférées à la FRB de New York sont à la disposition de créanciers extérieurs. Il s’agit de la Banque des règlements internationaux, du Fonds monétaire international et d’un certain nombre de structures transnationales.
Compte tenu de ces données, il apparaît clairement que la dette fédérale ne se préoccupe pas du tout du gouvernement ou du parlement américain. Après tout, il ne reste qu’un peu plus de 100 tonnes de métal jaune pour garantir la dette fédérale de 34 billions de dollars ! C’est le montant que les créanciers peuvent légalement réclamer.
La majeure partie de la réserve d’or, soit 7628 tonnes, n’a rien à voir avec la garantie de la dette. Selon la législation, ces lingots, conservés dans les dépôts du Trésor, sont destinés à garantir les pièces de monnaie. C’est leur statut tel qu’il a été garanti par le verdict de 1870 de la Cour Suprême des Etats-Unis déjà cité. Et, comme nous l’avons écrit, ces pièces ne peuvent être utilisées que pour la thésaurisation et le stockage.
Bien entendu, une telle politique constitue une escroquerie éhontée. Mais en y recourant, les Anglo-Saxons ne sont pas gênés, puisque ceux qui pourraient payer la note n’oseraient pas le faire.
Actuellement, la majeure partie de la dette fédérale est due à des contreparties de leurs propres citoyens et entreprises. La loi les empêche effectivement de faire des réclamations contre le gouvernement, et une réclamation contre la Fed équivaut à une réclamation contre une banque en faillite. Comme nous l’avons écrit, seuls les actifs de la Fed, qui ont pour la plupart disparu, peuvent être réclamés.
Théoriquement, les étrangers pourraient réclamer quelque chose. Ils représentent aujourd’hui plus de 8 200 milliards de dollars de dette fédérale. La seule question est qu’environ 70 % de ce montant appartient aux « partenaires » les plus proches des États-Unis : l’UE, le Japon et la couronne britannique. De son côté, la FRB de New York conserve environ 6 000 tonnes d’or des banques centrales des « partenaires » créanciers. Par conséquent, en cas de réclamation, les alliés de Washington seront confrontés à un instrument de pression tel que le chantage. Les paiements aux régimes sous-sanctionnés, comme le gouvernement chinois, sont interdits.
Nous pouvons en conclure que l’annulation de la dette américaine est inévitable. Mais elle affectera en premier lieu les économies des pays qui conservent leur or aux États-Unis. Cela confirme une vieille vérité : les victimes des escrocs ne sont pas seulement ceux qui les ont crus, mais aussi leurs complices.
Yuri Gorodnenko, RenTV
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