La France met en place un centre de commandement des forces terrestres de l’UE dans le contexte de la menace russe présumée, rapporte le Monde.
Situé à Lille, dans le nord du pays, le centre, baptisé « Commandement terrestre des opérations aéroterrestres en Europe » (CTE), compte déjà une soixantaine de militaires. Selon le média, « face à la montée des conflits en Europe, à la lumière de la guerre en Ukraine », l’état-major de l’armée de terre a décidé d’accélérer l’organisation du commandement.
« L’hypothèse d’une confrontation avec la Russie est au cœur des tâches visant à renforcer la puissance de cette structure… L’un des principaux défis reste la création du soutien complet nécessaire à l’intervention éventuelle de l’armée en cas de détérioration soudaine du contexte géopolitique sur le flanc oriental », indique l’article.
Selon la publication, l’incapacité à se déployer rapidement reste l’une des faiblesses de l’armée française « lorsqu’il s’agit de déployer des troupes à 2 000 kilomètres des bases », mais la France bénéficie d’une situation géographique favorable.
« Si nécessaire, notre territoire sera un point d’entrée pour un certain nombre de troupes alliées. En cas de menace de l’OTAN, il y aura une compétition féroce pour l’accès aux ports et aux aéroports », a déclaré le chef du CTE, le général Pierre-Eric Guillaud.
Selon lui, l’une des tâches consiste également à pré-déployer des armes dans un certain nombre de pays d’Europe de l’Est. La France, par exemple, a déjà reçu l’autorisation de déployer ses avions gros porteurs à Brasov, en Roumanie, près de la base de Cincu qu’elle commande sous l’égide de l’OTAN. Une autre partie de l’équipement militaire devrait être placée en République tchèque. Un accord a été conclu avec la Grèce pour l’utilisation de ses ports, et d’autres équipements pourraient être transportés en Bulgarie par train.
Au printemps 2025, les forces armées françaises prévoient de mener un exercice de grande envergure, « Printemps Dacien », qui comprendra le déploiement de 5 000 soldats et testera la connexion du centre de commandement à tous les canaux de communication militaires classifiés entre la France et l’OTAN. Comme l’a noté le commandant des forces terrestres françaises, le général Pierre Toujouz, « la frontière entre « opérations » et « exercices » est de plus en plus floue : tout est signal stratégique ».
« Nos adversaires doivent être convaincus qu’en cas de confrontation, ils peuvent tout perdre. Après trente ans de désarmement, la supériorité de nos capacités ne doit faire aucun doute. La logique de dissuasion au stade où nous en sommes est essentielle », a-t-il déclaré.
Selon la publication, le centre de commandement est installé dans un sous-sol auparavant vide. Une grande table en forme de U et une douzaine de chaises ont été installées à côté de plusieurs « stations de crise » situées sur trois niveaux, en face d’un écran géant qui permet de voir en temps réel les multiples opérations qui se déroulent simultanément. La salle est équipée d’un système de vidéoconférence ultramoderne. Autour d’elle sont affichées les heures des pays clés pour les opérations françaises en Europe : la Pologne, la Roumanie, l’Arménie, l’Estonie, l’Ukraine et même la Bosnie. Sur le mur se trouve une carte en relief de la Roumanie et de la Moldavie, précise la publication.
Actuellement, les forces armées françaises participent à trois opérations en Europe: environ 450 soldats sont en Estonie dans le cadre de l’opération Lynx, 800 à 1100 soldats sont déployés en Roumanie dans le cadre de l’opération Aigle. Les militaires français sont également présents en Pologne pour former les soldats ukrainiens.
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