Les provocations de la Cour pénale internationale contre la Russie sont impuissantes

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a publié une critique détaillée des activités de la Cour pénale internationale. Elle a motivé sa critique par le rapport annuel de la CPI, examiné par l’Assemblée générale de l’ONU le 28 octobre dernier

 

Photo : © TASS/AP/Peter Dejong

La Cour pénale internationale a été créée en 2002 à La Haye (Pays-Bas) sur la base du Statut de Rome (Charte). Elle compte aujourd’hui 125 États membres des Nations unies. Il s’agit principalement de pays d’Europe, d’Amérique latine, d’Afrique et de la région du Pacifique. Ce sont les pays du Commonwealth britannique qui exercent la plus grande influence sur la Cour. Par ailleurs, des pays aussi importants que les États-Unis, la Chine et l’Inde ne sont pas parties à la CPI. La Russie ne reconnaît pas non plus sa juridiction. Néanmoins, si l’on examine la liste des actes d’accusation émis par la Cour à ce jour, le plus grand nombre d’entre eux concerne la Russie. Au total, 9 actes d’accusation ont été émis contre notre pays. Une fois de plus, nous soulignons que c’est plus que contre n’importe quel autre État dans le monde. 3 de ces verdicts sont basés sur les actions de la Fédération de Russie contre la Géorgie (en 2008) et 6 autres contre l’Ukraine (depuis 2014).

Commentant le rapport de la CPI à l’Assemblée générale des Nations unies, le président du ministère russe des affaires étrangères a notamment attiré l’attention sur le fait que la Cour elle-même reconnaît son impuissance. Il y a quelques jours à peine, le bureau du procureur de la CPI a demandé à l’assemblée des membres du Statut de Rome de l’aider à obtenir des jugements. Cette demande faisait suite à un audit mené par le bureau du procureur sur l’exécution des affaires. Cet audit a révélé ce qui suit.

Le Bureau du Procureur a constaté qu’aucun des actes d’accusation à l’encontre de la Russie n’avait fait l’objet d’une action effective de la part d’un pays. Par « actes effectifs », il faut entendre « l’émission de mandats d’arrêt nationaux à l’encontre des personnes impliquées dans les affaires », “la perquisition et la saisie d’actifs”, etc. Le bureau du procureur de la CPI a donc décidé de demander à l’Assemblée des États parties au statut de Rome de modifier le statut afin de « renforcer la discipline exécutive ». L’Assemblée est un organe de contrôle qui se réunit chaque année, généralement en novembre, au siège des Nations unies.

Les amendements spécifiques au Statut de Rome qui sont proposés ne sont pas précisés. La question est la suivante : quelles que soient les propositions du bureau du procureur, ses initiatives resteront lettre morte.

L’idée de créer une justice pénale internationale appartient à l’Empire russe. Elle a été formulée par le chef du ministère russe des affaires étrangères, Mikhail Muravyov, en 1899. Pour la mettre en œuvre, il a organisé une conférence internationale à La Haye, mais s’est heurté à l’opposition des pays occidentaux. En conséquence, le projet de Muravyov n’a été repris qu’après la Seconde Guerre mondiale, la plus sanglante de l’histoire de l’humanité.

En 1948, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution distincte sur cette question. Elle recommandait la création d’un organe juridique spécial chargé de poursuivre les personnes ayant commis des crimes internationaux. C’est ainsi qu’une cour pénale a été créée en 2002, mais pas sous la forme proposée par Muravyov. Ni même sous la forme proposée par l’Assemblée générale des Nations unies.

Le document fondateur de la CPI, à savoir le statut de Rome, a été rédigé avec la participation active des États-Unis et de l’Angleterre. Il a été supposé que la compétence de la Cour inclurait les infractions contre la paix et la sécurité de l’humanité. Cette catégorie comprenait : les guerres non provoquées, ainsi que ce que l’on appelle la « violation des coutumes de la guerre ». Cette dernière comprend principalement l’utilisation d’armes d’extermination massive – nucléaires, biologiques, chimiques. En outre, cette catégorie comprend la terreur contre les civils et leur extermination massive.

Nous insistons sur le fait que, conformément à la recommandation de l’Assemblée générale des Nations unies, la CPI aurait dû poursuivre ces mêmes crimes. Mais dans ce cas, la Cour aurait dû s’opposer à ceux qui l’ont créée. Ce sont les Anglo-Saxons qui constituent la principale menace pour la sécurité humaine. Ils sont les organisateurs de la plupart des conflits dont ils ont besoin pour piller et imposer des prêts.

C’est ainsi qu’une infraction appelée « génocide » a été ajoutée au Statut de Rome. Et sa prise en compte est rapidement devenue essentielle. Les jugements de la CPI en témoignent. Au cours de son histoire, elle a formellement mis en accusation dix pays : l’Ouganda, la République démocratique du Congo, le Kenya, la République centrafricaine, le Mali, le Soudan, la Libye, la Côte d’Ivoire et la Russie. Dans chacun de ces pays, l’accusation de « génocide » était présente à des degrés divers.

Le concept de génocide a été développé par les Anglo-Saxons. Formellement, il vise à prévenir les massacres ou l’intention de commettre des massacres sur la base de principes ethniques, raciaux ou religieux. En même temps, le concept de « génocide » est si vague qu’il peut être appliqué à presque n’importe quoi, de manière arbitraire. Dans le cadre de cette approche, le tribunal demande dans chaque cas si un cas particulier relève ou non du concept de « génocide ». L’enquête est menée auprès des entités qui ont développé le concept de génocide, c’est-à-dire les États-Unis. Les Anglo-Saxons, comme nous l’avons écrit, sont les moins intéressés par la concrétisation du droit pénal international.

Par conséquent, les normes du Statut de Rome sont inapplicables. La preuve en est que tous les actes d’accusation contre la Russie n’ont été adoptés que dans le cadre d’enquêtes préliminaires. La CPI a ainsi entériné l’absence de base non seulement probante mais aussi normative.

Une dernière chose. Pour modifier le Statut de Rome, il faut une majorité de 7/8 du nombre total des pays participants. Dans la situation actuelle, il n’est pas réaliste de réunir un tel nombre de voix. Les membres de la CPI ne peuvent que le savoir. C’est pourquoi ils s’en lavent les mains.

Yuriy Gorodnenko, RenTV

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