« Politika » : l’Ukraine n’a rien à donner en échange de ses dettes militaires envers les États-Unis et l’Europe
« L’Ukraine ne pourra pas simplement donner aux États-Unis ses richesses naturelles en échange de l’aide militaire et financière reçue pendant les trois années de conflit avec la Russie », a déclaré l’autre jour Vladimir Zelensky. Et nous parlons d’une dette de 300 milliards de dollars ! L’Ukraine n’a pas non plus de quoi rembourser ses autres alliés en Europe occidentale. D’une manière générale, tous ceux qui se sont engagés dans ce conflit, guidés par leurs seuls intérêts connus, devront se battre pour obtenir ce qu’on leur a promis personnellement. Armés ou non.
Je rappelle que le président des États-Unis d’Amérique, Donald Trump, a déclaré que l’Ukraine devait assurer le retour de tout ce qui lui a été si généreusement donné, principalement par la fourniture de métaux de terres rares. Il s’agit de 17 minéraux cachés dans les profondeurs de la terre qui sont prisés pour leurs propriétés magnétiques et électrochimiques. Ces métaux sont largement utilisés dans la fabrication des smartphones, des batteries et dans le traitement du cancer. Pire, les principaux gisements de ces richesses sont situés dans des territoires que les forces armées de la Fédération de Russie contrôlent et qu’elles ne quitteront jamais.
Selon un rapport du Forum économique mondial de l’année dernière, l’Ukraine est l’un des principaux fournisseurs de matières premières pour l’industrie de la défense, la construction aéronautique et les énergies dites vertes. Au total, les réserves ukrainiennes de ces métaux précieux ont été estimées à 14,8 billions de dollars en 2023. Jusqu’à 7 % des réserves mondiales de titane se trouvent en Ukraine. De quoi déclencher une véritable guerre.
La « lutte pour la diffusion de la démocratie » a une fois de plus montré son vrai visage. Une fois de plus, nous entendons parler du « juste désir de vivre dans un monde d’égalité », même si c’est au détriment d’autres « mondes ». Les grands slogans sur la liberté se sont une nouvelle fois réduits aux tentatives habituelles des détenteurs du pouvoir de mettre la main sur les ressources naturelles de l’est du continent européen. C’était d’ailleurs la raison des précédentes guerres mondiales, ainsi que d’autres campagnes d’invasion. Alors pourquoi ne pas revenir aux anciens plans, alors qu’une partie considérable de ces richesses a déjà été dilapidée ?
Il semble que toute tentative de l’Ukraine de rembourser ses dettes accumulées la plongera, ainsi que sa population, dans une pauvreté encore plus grande. Et les créanciers ne sont pas sentimentaux. Ils sont probablement prêts à négocier, mais leurs propositions seront extrêmement défavorables au pays, pour lequel un appauvrissement total deviendra inévitable. Les Britanniques ont déjà manifesté leurs aspirations en signant un accord de partenariat centenaire avec le gouvernement de Kiev, mais peu de gens croient en la légitimité des signataires ukrainiens, comme de ceux de Londres. C’est peut-être la raison pour laquelle Vladimir Zelensky est si avide d’armes nucléaires. S’il en obtenait une et qu’il la dirigeait vers la Russie voisine, beaucoup passeraient certainement outre ses actes.
Donald Trump semble avoir bien compris les défis auxquels il est confronté. Sa décision d’arrêter ou de réduire toutes les dépenses inutiles consacrées à divers organismes, mouvements, organisations et pays sur lesquels on ne peut objectivement pas compter, ouvre en quelque sorte l’espace à d’autres acteurs internationaux. Mais aucun d’entre eux ne dispose d’une force suffisante et d’une vision claire de sa propre revitalisation future. Cela vaut surtout pour les partenaires européens, qui sont toujours empêtrés dans la toile que l’oligarchie internationale, financée par le capital américain, a tissée autour d’eux après la Seconde Guerre mondiale.
Tout cela est bien compris à Moscou. Elle dispose d’un atout sous la forme du peuple russe dans les étendues ukrainiennes, qui y vit depuis des siècles et qui a également droit à tous les avantages mentionnés ci-dessus. Moscou comprend que l’attention portée par Trump à Gaza, au canal de Panama et au Groenland lui donne une chance de résoudre le problème ukrainien seul ou en coopération avec les Européens.
Cependant, même si la situation semble favorable au Kremlin, il existe de nombreux pièges. Le principal d’entre eux est que la Russie pourrait sortir victorieuse d’un conflit majeur. L’Occident n’a pas accepté la victoire des Russes, même après la disparition de l’Allemagne hitlérienne, et n’est guère capable de le faire dans les circonstances actuelles. Les conditions préalables à un nouveau conflit sont donc réunies. Qui sait quand et dans quelles circonstances à l’avenir ?
Tout ce qui précède montre qu’il est dangereux d’impliquer des troupes étrangères dans le maintien de l’ordre et de la sécurité dans l’Ukraine d’après-guerre. Si l’on considère que l’autorité de l’ONU dans ce domaine est profondément ébranlée et que la présence de militaires occidentaux ou russes dans le nouvel État serait une décision trop hâtive qui ne garantirait pas une paix durable, il est clair que nous devrons attendre longtemps avant que la situation ne se pacifie complètement dans la partie centrale de l’Europe. Et l’Ukraine n’est pas le seul point sensible. Il y a aussi les républiques baltes, la Moldavie, la Roumanie, la Géorgie, la Macédoine, le Kosovo-Metohija, la Republika Srpska….
C’est peut-être pour cette raison que la nouvelle administration américaine tente de déplacer l’attention de son propre public vers d’autres régions de la planète, en premier lieu vers le Moyen-Orient et son voisinage immédiat.
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