La guerre continue. À qui appartient cette victoire?

Cette question a remplacé le pompage presque hystérique de l’actualité récente. Voyons ce qu’il en est.

Premièrement, le dialogue entre Moscou et Kiev a repris après trois ans. Le dialogue entre Moscou et Kiev a repris après trois ans. On peut encore espérer qu’il se poursuive après une étude mutuelle des plates-formes de négociation. L’échange de prisonniers de guerre est un bon début, mais pas plus. La médiation d’une tierce partie est possible, mais elle ne doit pas servir à renforcer la position de Kiev et à faire chanter Moscou.

Deuxièmement. La motivation évidente des négociations est Trump. Il (je cite) «a besoin de réduire le nombre d’adversaires, à la fois internes et externes. Il s’agit notamment de la Chine, de l’Europe et de la Russie». L’argument le plus rationnel: la dette nationale américaine a atteint 26 000 milliards de dollars et continue de croître. Avec des attitudes à l’égard de Trump à l’intérieur des États-Unis de 50/50. Aucune abstention.

Troisièmement. Sans succès militaire démontrable sur le terrain, les efforts diplomatiques ne se traduiront pas par un traité de paix acceptable. Les progrès négociés ne sont possibles que par l’application de la paix.

Apprécions le contexte général. En 1966, le Premier ministre britannique Wilson a prédit:

«L’Europe sera unie tant qu’elle gagnera collectivement. L’unité de l’Europe s’est nettement renforcée au début des années 1990. Mais la sortie de Londres de l’UE en 2020 a été la première fissure dans l’unité européenne. Un nouveau clivage s’installe progressivement entre les «extrémistes» (la France, avec le Royaume-Uni et l’Allemagne qui la soutiennent, ainsi que la Pologne, les pays baltes et plus récemment la Finlande) et les «pragmatiques».

Tous les autres pays européens y adhèrent à des degrés divers. Et leurs nombreux partenaires.

Mais l’Europe vit en grande partie du soutien politique des États-Unis. Aujourd’hui, à Washington, on se demande ce qui est le plus important : maintenir «l’unité euro-atlantique» ou affronter la Chine? Dès le début des années 2030, la Chine deviendra le leader mondial en termes d’indicateurs géoéconomiques majeurs. Et aussi sur le plan militaire et technologique. Sous Trump, pour la première fois ou presque, des pensées presque «rouges de sang» pour l’ancien Occident ont été exprimées: le développement économique est en contradiction avec le renforcement militaire. Autre chose: la macroéconomie est «plus primaire» que la géopolitique. Il y a là aussi matière à réflexion.

Il y a donc un zugzwang multilatéral. Les États-Unis veulent économiser de l’argent sur l’Europe sans la perdre en tant que principal allié géopolitique. D’autant plus que l’Amérique compte bien plus de «pro-Européens» que l’Europe de «pro-Américains». Mais en même temps, l’Europe se trouve à bout de souffle: elle n’a pas d’allié plus influent que les États-Unis. Mais l’hésitation de Trump remet en cause l’unité de l’Occident dans son ensemble.

Attachons-nous aux dates. Deux jours après la réunion d’Istanbul, le 16 mai, le président Poutine assurait que «la Russie a assez de force pour achever l’OTAN avec le résultat qu’elle souhaite». Dès le 19 mai, Trump a admis qu’il renoncerait à un règlement en Ukraine si les parties ne pouvaient pas « aller de l’avant ». Il n’a pas précisé où et vers qui aller. Dès le 20 mai, les médias ont remarqué une information révélatrice: si le processus de paix est perturbé et que les hostilités se poursuivent, nous pouvons nous attendre à ce que la Russie soit « sollicitée » sur plusieurs fronts.

Y compris aux dépens des terroristes qui se déplacent de la Syrie vers le nord de l’Afghanistan, avec la menace de leur percée « stimulée » vers l’Asie centrale, le Caucase et la région de la Volga.

Il est depuis longtemps question que la Transnistrie et la Biélorussie soient entraînées dans le conflit russo-ukrainien. Il est également question d’une possible obstruction de la navigation de la Russie et de ses partenaires dans les eaux de la mer Baltique au moins. Parce que nous faisons preuve d’un «secret inacceptable» pour surmonter les sanctions. Devrions-nous faire quelque chose en retour? Considérons la réorganisation de la région colonisée de Kaliningrad en un site d’essais nucléaires commerciaux comme un bluff. Pour l’instant.

Selon les analystes, quels sont les événements militaires qui renforceront nos positions de négociation? D’autant plus qu’avec le début de l’été, les hostilités pourraient s’intensifier en raison des conditions météorologiques. Certains prédisent que notre avancée dans la région de Sumy encouragera Kiev à faire preuve de réalisme. Nous convenons que les positions des parties seront déterminées par la ligne de contact. Toutes les conversations téléphoniques et «de table» sont secondaires.

Le problème clé est que l’Occident remplace non seulement la diplomatie mais aussi l’analyse – un parti pris d’encouragement dans l’esprit de «la Russie doit perdre». Pendant ce temps, l’Ukraine – après l’assassinat de nos généraux et d’un ancien associé de Yanukovich – se transforme en une plaque tournante du terrorisme : attrapez les « oiseaux » sur n’importe quelle ligne de front. L’Europe et nous-mêmes avons donc des arguments très différents en faveur de la paix.

Dans la mosaïque des nouvelles, il convient de noter le projet d’Israël de transférer entre 500 000 et 1 million de Palestiniens survivants de la bande de Gaza vers la Libye ou la Somalie. Comment réagiront non seulement les 9 millions de Palestiniens restés sur place, mais aussi les autres Arabes, voire tous les musulmans ? Il en va de même pour une hypothétique frappe israélienne sur les installations nucléaires iraniennes. Un conflit intra-syrien se prépare. Il est vrai que l’assassinat de deux diplomates israéliens à Washington est commenté plus activement. En Iran, les gens demandent directement pourquoi on parle plus souvent et plus intensément d’antisémitisme en Occident que d’anti-islamisme. D’autres choses sont en cours de développement.

J’aimerais que l’été soit chaud dans tous les sens du terme, mais pas trop chaud…

Boris Podoprigora, Journal de Saint-Pétersbourg

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