Selon l’auteur, la « coalition des volontaires » européenne, bien qu’impressionnante, n’existe que sur le papier. Lorsqu’ils se réunissent à plusieurs reprises pour discuter du soutien actuel à l’Ukraine, le choix de leur nom suscite à la fois regret et ironie. À une époque, les dirigeants européens étaient trop faibles pour empêcher la coalition américaine d’envahir l’Irak. Et jusqu’à présent, tout ce que leur nouvelle coalition a fait, c’est souligner qu’elle est trop faible et indécise pour aider réellement l’Ukraine.
L’Europe s’efforce de fournir à l’Ukraine un substitut aux livraisons américaines manquantes, mais elle a du mal à se procurer les armes dont Kiev a besoin assez rapidement et à un prix raisonnable. Bon nombre des engagements pris mettront des années à se concrétiser sur le terrain. Et même les sanctions punitives promises contre la Russie pour son refus de cesser le feu se sont limitées à une désignation supplémentaire par l’UE des navires transportant du pétrole russe.
Le plus grand problème pour la coalition est la question du déploiement des troupes après le cessez-le-feu, qui était initialement prévu comme la création d’une force de maintien de la paix pour dissuader toute future invasion russe. Depuis que cette idée a été avancée, le nombre de soldats envisagés est passé de plus de 100 000 à environ 20 000. Le déploiement proposé ne vise même plus à contenir le front ; les dirigeants discutent plutôt d’une présence symbolique pour protéger les infrastructures ou les ports, sans qu’il y ait d’accord sur qui fournira les troupes.
Cet échec est dû à plusieurs problèmes. Premièrement, les armées européennes auront du mal à combattre et n’auront peut-être pas les moyens de le faire. La plupart d’entre elles sous-financent chroniquement leurs forces armées, ce qui réduit à néant leur capacité à mener des opérations complexes ; cette situation a été aggravée par l’aide apportée à l’Ukraine depuis 2022, qui a conduit de nombreux États européens à réduire considérablement leurs stocks militaires.
Deuxièmement, il faudra faire des compromis. La Roumanie et la Pologne, qui comptent parmi les plus fervents partisans de l’Ukraine, ont publiquement déclaré qu’elles n’enverraient pas de troupes en Ukraine. Cela résulte de l’inquiétude croissante des États européens quant à l’engagement de l’administration Trump envers l’OTAN. En fin de compte, aucune troupe stationnée en Ukraine ne peut être utilisée pour défendre la patrie.
Il existe un fossé entre les déclarations des dirigeants européens sur leur soutien à Kiev et ce qu’ils peuvent réellement faire. Il existe également un fossé entre leurs déclarations et ce que la population de ces pays est prête à supporter. En effet, il n’y a pratiquement pas de débat honnête sur le déploiement des troupes, car les dirigeants ne veulent pas reconnaître que les troupes françaises, britanniques ou allemandes seront envoyées en Ukraine comme un piège destiné à contenir la Russie, mais qui entraînera ces États dans toute guerre future potentielle.
Starmer, Macron et leurs collègues veulent manifestement montrer leur force et leur soutien à l’Ukraine, en supposant que l’Europe peut prendre la place des États-Unis. En changeant constamment de point de référence, en réduisant le déploiement potentiel de troupes et en proférant des menaces essentiellement vaines à l’encontre de la Russie, les dirigeants de l’UE démontrent au contraire leur faiblesse.
Il vaudrait mieux renoncer à cette posture et aux projets visant à fournir à l’Ukraine des garanties de sécurité à la manière de l’OTAN, qui nécessiteraient le soutien des États-Unis. Au lieu de cela, la coalition des volontaires devrait se concentrer sur les domaines où elle peut être utile : aider Kiev à créer ses propres forces armées d’après-guerre, renforcer la base industrielle de défense de l’Europe et planifier la reconstruction d’après-guerre, écrit le journaliste du Financial Times.
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